Le biomimétisme, c’est s’inspirer de la nature pour résoudre nos problèmes.
« A chaque fois que vous rencontrez un problème, observez la nature. Elle a peut-être déjà eu les mêmes difficultés, et si c’est le cas, elle a sûrement trouvé une solution il y a des milliers d’années. »
Le biomimétisme à l’oeuvre
Le credo du biomimétisme a d’ores et déjà permis l’émergence de nombreuses innovations.
Quelques exemples parmi les plus connus :
Le Gecko, capable de se maintenir au plafond avec un seul doigt en puisant dans une force d’origine quantique, a inspiré des pneus neige ultra-adhérants ou encore le geckskin, un adhésif peu coûteux, sec, incolore et suffisamment puissant pour soutenir votre écran plat au mur.
Les termitières, qui ont une température quasi uniforme et constante malgré les variations importantes de température extérieure, ont inspiré à un architecte un système de climatisation passive : 90% d’économie sur la consommation énergétique de l’Eastgate Building au Zimbabwe.
Le bec long et tranchant du martin pêcheur, qui lui permet de pénétrer l’eau avec peu de bruit et d’éclaboussures, est à l’origine du design du nez du Shinkanzen, le TGV japonais : nuisances sonores amenuisées et 15% d’économie d’énergie
la fameuse bardane, qui s’accroche aux pulls, a inspiré le Velcro…
Inspirées de la nature et réputées durables, ces nouvelles ressources sont simples, ingénieuses et peu chères.
Quand la contrainte devient créatrice de valeur
Crise économique, changement climatique, ressources fossiles limitées… le besoin de changement est là.
Notre génération, celle de nos enfants, et les suivantes, devront nécessairement réinventer leur rapport au monde. Dans un contexte de pénurie et de ressources limitées, l’Homme ne peut plus continuer à baser son développement et sa croissance sur la consommation irréfléchie de ressources naturelles pour alimenter des processus polluants et destructeurs.
La prise de conscience est en marche, et elle peut nous emmener loin sur le chemin de la croissance.
L’innovation frugale – qui vise à générer plus de valeur, avec moins de ressources – et le biomimétisme – pour qui la nature est une bibliothèque de 4 millions d’années qui doit être protégée et exploitée – tranchent avec les initiatives écologistes historiques, essentiellement par leur inscription fondamentale dans le monde économique : l’idée n’est pas de se priver pour protéger la nature, mais de repenser l’innovation, pour générer beaucoup plus de valeur, et une valeur durable et respectueuse de notre planète.
A titre d’exemple, la nature contient une « recette » pour fabriquer des micro-processeurs 10x plus puissants que les meilleurs processeurs Intel.
Enjeu pour Intel ? 10 milliards de dollars de R&D pour arriver au même résultat.
Imiter la nature : passer de la copie du résultat à la copie des processus
Copier la nature pour mettre au point des solutions à un de nos problèmes techniques n’est cependant que la première étape d’une démarche qui va bien plus loin.
L’étape suivante, c’est de « s’inspirer d’une philosophie de production » nous dit Gunter Pauli, entrepreneur et fondateur de l’institut Zeri (Initiative pour la recherche de zéro pollution).
« La nature reste le seul ingénieur capable de créer des multitudes de cycles de production sans consommer d’énergies fossiles, ni produire de déchets. Cet ingénieur original [la nature] puise sa créativité dans les contraintes et s’adapte toujours à son environnement. »
L’idée est alors d’envisager vos processus de production de manière plus globale, en les prenant comme des maillons d’un cycle complet plus large.
Changement de paradigme : tout d’un coup, un déchet n’est plus un rebus que l’on se cache tant bien que mal, ou que l’on s’autorise par quotas.
Le déchet devient une nouvelle ressource, et une véritable opportunité de création de valeur, comme c’est le cas partout dans la nature.
Je vous invite à regarder ou revoir cette vidéo (ou d’autres plus courtes:) d’Idriss Aberkkane, professeur en géopolitique et économie de la connaissance à l’école Centrale Paris.
Il y explique par exemple comment des « déchets cartons » ont pu être ré-exploités dans l’élevage de lombrics, plus chers au kilo que le veau, et ont permis l’émergence d’une filière hyper compétitive de production de caviar .
Ou encore comment la prise en charge du « déchet carbone » d’une centrale à charbon a rendu possible l’émergence d’une filière – à nouveau hyper compétitive – de production de spiruline.
La contrainte et l’urgence s’imposent petit à petit, et en réaction, les opportunités émergent.
Idriss Aberkane rappelle les trois phases qui caractérisent toute révolution : comme pour le droit de vote des femmes ou la fin de l’esclavage, on dit d’abord “c’est ridicule”, puis “c’est dangereux” et enfin “c’est évident”. »
Et vous, où en êtes-vous ? Quelle part donnez-vous à la nature dans vos processus d’innovation aujourd’hui ?
Pour aller plus loin :
En livre : La Blue economy – Gunter Pauli
En livre : L’innovation frugale – Navi Radjou
En vidéo : L’économie de la connaissance – Idriss Aberkane